Manuel Martinez Hugué dit Manolo (1872-1945)

Manuel Martinez Hugué dit Manolo naît à Barcelone en 1872 et part s’installer à Paris en 1900 où il retrouve Picasso. Il y reste dix années pendant lesquelles il mène une existence vagabonde et miséreuse. Cet état précaire l’empêche de travailler mais il fait de nombreuses rencontres enrichissantes : Apollinaire, Max Jacob, Léon-Paul Fargue et fréquente les musées du Louvre, de Cluny, Guimet et Carnavalet. C’est lorsqu’il signe un contrat avec le marchand D.-H. Kahnweiler qu’il peut prendre la liberté d’aller travailler loin de la capitale, à Céret, petit village montagnard de la Catalogne française. Il y reste de 1910 à 1928 avec une interruption de quelques années pendant la guerre. Puis, atteint de polyarthrite, il retourne s’installer en Espagne à Caldas de Montbuy (province de Barcelone) jusqu’à sa mort, le 17 novembre 1945.

Son art reflète l’empreinte de son expérience parisienne où il a été plus marqué par les Egyptiens, les Grecs archaïques, les romans et les gothiques que par les mouvements d’avant-gardes tels que le cubisme. Il garde de ces différents courants le souci de simplification réfléchie mais contrairement aux cubistes, il reste toujours attaché à la figuration. Son travail porte la marque de l’identité méditerranéenne, des arts archaïques et classiques antiques qui sont nés sur le pourtour de cette mer et que les artistes catalans, amis de l’artiste, veulent faire revivre à travers le mouvement « noucentiste ». Manolo privilégie des thèmes populaires et réalistes tels que le torero, des femmes à éventail, des paysannes, des scènes rurales...et réalise aussi de nombreux portraits. Il travaille le plus souvent de petits formats dans la terre glaise ou la pierre. Son œuvre est parfois proche de celle de son ami Maillol notamment lorsqu’il représente la femme méditerranéenne, robuste, massive, mais équilibrée et maternelle.

Grâce au parrainage de Kahnweiler et à la qualité intemporelle de son œuvre il obtient rapidement du succès. Il est présent en 1913 à l’Armory Show de New York ainsi que dans les expositions du marchand en Allemagne et à Paris. Puis il expose régulièrement aux Etats-Unis, en Allemagne, en Espagne et en France. Vers la fin de sa vie son pays lui rend hommage en le nommant membre de la Real Academia de Bellas Artes de San Jorge ; puis en 1932 c’est la France qui le célèbre en lui consacrant une exposition au Grand Palais.

« Cette œuvre qui n’est pas très abondante en nombre, est d’un sculpteur et d’un psychologue, d’un observateur profond qui connaît l’homme et chaque homme. » (M. Lafargue, in. Manolo par P. Pia, coll. nrf, Gallimard, Paris, 1930, p. 13).

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Manolo