Germaine Richier (1902-1959)

Germaine Richier nait à Grans, dans le sud-est de la France. Elle entame sa formation artistique en 1920, après avoir été admise à l’École des Beaux-Arts de Montpellier. Elle y suivra jusqu’en 1926, l’enseignement de Louis-Jacques Guigues (1867-1943), ancien praticien d’Auguste Rodin. À la fin de ses études, elle rejoint la capitale française, et entre dans l’atelier d’Antoine Bourdelle (1861-1929) jusqu’au décès de celui-ci. Le 12 décembre 1929, elle épouse le sculpteur suisse Otto Bänninger (1897-1973), rencontré dans l’atelier de Bourdelle, alors qu’il était son praticien. En 1934, la Galerie Max Kaganovitch organise la première exposition particulière des œuvres de la sculptrice à Paris. Deux ans plus tard, elle obtient le Prix Blumenthal (Le prix Blumenthal est une récompense attribuée par la fondation franco-américaine Florence Blumenthal, entre 1919 et la fin des années 1950, afin de primer peintres, sculpteurs, écrivains, décorateurs ou musiciens) pour son Buste n°2 d’une grande modernité. Dès 1927, Charles Despiau lui confie, à propos de cette œuvre : « Maine, vous ne ferez pas souvent un buste comme ça. » En 1937, Germaine Richier est mandatée par Georges Huisman, directeur général des Beaux-Arts, pour représenter le pavillon du Languedoc lors de l’Exposition Universelle. Elle obtient la médaille d’Honneur pour son œuvre Méditerranée. Elle participe à l’Exposition internationale de New York en 1939.

Un premier tournant s’opère dans son œuvre avec la déclaration de la Seconde Guerre mondiale. Réfugiée en Suisse avec son mari, aux côtés, entre autres, d’Alberto Giacometti (1901-1966), Jean Arp (1886-1966), et Marino Marini (1901-1980), elle jouit d’une grande renommée, et les collectionneurs acquièrent nombre de ses œuvres. Elle réalise Le Crapaud en 1940, une sculpture qui annonce une esthétique nouvelle, où se mêlent les mondes humain, animal et végétal. Entre 1945 et 1946, elle expose au Kunstmuseum (Bâle), au Kunsthaus (Zurich) et à la Kunsthalle (Berne). Sa préoccupation pour le monde animal culmine à travers sa série des « femmes-insectes », telles La Sauterelle en 1944, ou encore La Mante et L’Araignée en 1946. Rentrée à Paris après la Guerre, elle reprend son travail d’enseignante commencé dès le début des années 1930. En 1947, elle expose à l’Anglo French Art Center à Londres, où elle fait la rencontre déterminante de Roger Lacourière (1892-1966) qui va l’initier à l’art de la gravure. Elle se rapproche également de Picasso, par le biais du Salon de Mai, où elle expose ensuite chaque année. Ce dernier lui dira : « On est de la même famille. » (in. Germaine Richier, rétrospective, Fondation Maeght, Saint-Paul, 5 avril-25 juin 1996, p.74). Elle travaille avec Libero Nardone, ancien modèle de Rodin qui pose notamment pour L’Orage, présenté à la Biennale de Venise en 1950. Germaine Richier ajoute divers matériaux à ses sculptures, tels des fils de fer dans Le Diabolo (1950), Don Quichotte (1950-1951) ou encore Le Griffu (1952). Ses « figures hybrides », déformées, scarifiées, trouées, parlent des blessures de la guerre et du lien charnel de l’Homme et de la Nature. En 1956, le directeur du musée national d’Art moderne Jean Cassou (1897-1986) organise une exposition rétrospective de ses œuvres : il s’agit de la première rétrospective consacrée à une femme de son vivant. Au début de l’année 1957, la santé de l’artiste se dégrade progressivement. Une exposition a lieu au Museum of Modern art à New York. Elle décède des suites d’une longue maladie, le 31 juillet 1959 à Montpellier.

Les œuvres de Germaine Richier sont conservées dans de nombreuses collections publiques, particulièrement en France (Musée National d’Art Moderne, Centre National des Arts Plastiques) et aux États-Unis (Detroit Institue of Arts, The Art Institute of Chicago, Museum of Modern Art à New-York, The Baltimore Museum of Art, Phoenix Art Museum…).

image : Courtesy National Portrait Gallery, London
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