Georges Dorignac (1879-1925)

Léon-Georges Dorignac naît le 8 novembre 1879 à Bordeaux. Il entre à treize ans à l’école municipale des Beaux-Arts de Bordeaux, où son travail est remarqué et récompensé. A l’âge de vingt ans, il intègre l’atelier du peintre Léon Bonnat à l’École des Beaux-Arts de Paris. Il n’y restera toutefois que très peu, préférant voler de ses propres ailes : c’est ainsi qu’il part voyager un an en Espagne entre 1900 et 1901. Imprégné de culture hispanique, Dorignac se joint donc au groupe de l’école espagnole pour une exposition au Salon des Indépendants à Paris en 1901. Dès 1902, Dorignac visite assidument le Louvre pour y copier les maitres au fusain et aux craies de couleur.

Ses œuvres prennent, dans les années 1904-05, des accents impressionnistes ou néo-impressionnistes. Installé à la Ruche en 1911 avec sa femme Céline Lacoste et ses quatre filles, il fréquente étroitement les artistes de l’École de Paris (Epstein, Modigliani, Indenbaum ou encore Soutine) et produit l’aspect le plus puissant de son art avec ces grandes feuilles aux figures noires ou rouges. Dans ces dessins aux tracés vigoureux, il représente des nus féminins, portraits, travailleurs et paysannes à la sanguine ou dans une technique mixte aux noirs profonds. Les modelés et compositions puissants retiennent l’attention de la critique aux Salons et feront dire à Rodin que Dorignac a des « sculpte ses dessins ».[1]

Progressivement reconnu, les expositions se multiplient : après avoir participé au Salon des Indépendants, à la Société nationale des beaux-arts, ainsi qu’au Salon d’Automne depuis le début du XXe siècle, il expose désormais dans les galeries Durand-Ruel, Georges Chéron, et Marcel Bernheim. Démobilisé pendant la Première Guerre Mondiale pour raisons de santé, il entreprend de nombreux projets de décoration sur des supports aussi divers que le vitrail, la tapisserie, la céramique ou la mosaïque. Les dessins de femmes des années 20 laissent transparaître son admiration pour Ingres et Renoir.

Georges Dorignac décède à Paris, le 21 décembre 1925. Quatre expositions lui sont dédiées quelques mois après sa mort, dont une rétrospective complète de son travail à la galerie Marcel Bernheim en 1928. Un anonyme visitant l’exposition réitère les propos de Rodin quant à la dimension sculpturale de ses dessins : ils « sont construits et modelés avec une telle science des volumes, qu’on les dirait sculptés dans un bloc de précieuse matière noire »[2].

Les quatre filles de Dorignac épousent chacune un artiste dans les années 1920 : Suzanne Dorignac devient la femme de Haïm (Henri) Epstein en 1927, Georgette-Céline se marie avec le peintre André Hébuterne en 1922, frère de Jeanne, compagne de Modigliani, tandis que Geneviève et Yvette épousent respectivement les sculpteurs Louis Dideron en 1927, et Marcel Damboise en 1928.

De nombreuses œuvres de Dorignac sont conservées dans les collections publiques, telles que Femme accroupie ou Femme assise aux sabots au musée des Beaux-Arts de Bordeaux, La Convalescente au musée des Beaux-Arts de Reims, Femme nue accroupie au Musée de Grenoble, ou encore Femme à la houe et Les laveuses au musée national d’art moderne de Paris.


[1] Propos rapporté par Gaston Meunier du Houssoy dans son « Essai sur Dorignac », lettre à J-G Lemoine du 16 nov. 1955 (archive du musée des Beaux-Arts de Bordeaux).

[2] Anonyme, « Le carnet d’un curieux, Galerie Marcel Bernheim », La Renaissance, n.7, juillet 1928, pp. 317-318.

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