Jane Poupelet

Nu feminin assis

Encre brune sur papier japon
Signé : J Poupelet
H. 33 ; L. 22,8 cm

Provenance

  • France, collection particulière

Bibliographie

  • Dumaine, Sylvie, Les dessins de la statuaire Jane Poupelet (1874-1932), collection de dessins déposée à Roubaix, La Piscine, musée d’art et d’Industrie-André Diligent, mémoire de maîtrise, sous la direction de Frédéric Chappey, Université de Lille III, 2 tomes, 2003.
  • Rivière, Anne (sous la direction de), Jane Poupelet 1874-1932 « la beauté dans la simplicité », Roubaix, La Piscine - musée d’Art et d’Industrie André Diligent, 15 octobre 2005-15 janvier 2006 ; Bordeaux, musée des Beaux-Arts, 24 février 2006-4 juin 2006, Mont-de-Marsan, musée Despiau-Wlérick, 24 juin - 2 octobre 2006, Editions Gallimard, 2005.

 

« Pour Jane Poupelet, le dessin est un exercice quotidien, une gymnastique nécessaire, préalable à l’œuvre aboutie ou action définitive. Au regard des quantités de croquis ou d’études laissés, il y a là une exigence impérieuse »[1]. Jane Poupelet entretient un lien particulier avec le dessin, qu’elle pratique sans relâche, tout au long de sa vie. Cependant, mue par l’ambition d’être sculpteur, elle intègre l’école des Beaux-arts de Bordeaux, faisant partie des premières femmes autorisées à suivre les cours magistraux d’anatomie et de perspective[2]. Elle devient par la suite l’unique sculpteur féminin de la « bande à Schnegg ».

Les dessins de Jane Poupelet ne manifestent aucun académisme. Ils peuvent incarner le moyen d’étudier les différentes possibilités d’une future sculpture, l’artiste envisageant les diverses poses à imprimer au modèle, pour en extraire l’attitude finale de sa sculpture. Ainsi, ce Nu féminin assis évoque-t-il le plâtre de la Femme assise[3] : modèle assis, le dos droit, les épaules basses et la tête penchée. Les bras du nu dessiné sont néanmoins croisés, et ses pieds laissés inachevés, mais Poupelet imprime à ses sculptures et à ses dessins un même souci de la ligne concise et ferme, où ombres et pleins du modelé sont traités avec vigueur.

Les dessins de Jane Poupelet ne sauraient toutefois être réduits à de simples études préludant à la sculpture : ce sont avant tout des pistes de réflexion, les étapes visibles d’une quête du corps féminin traduit avec finesse et simplicité, sans décorum ni artifice. Le cadrage resserré autour de la figure tronquée, et qui occupe toute la hauteur de la feuille – composition récurrente chez Poupelet[4] [5] -, dévoile une recherche de l’attitude pertinente du modèle.

En outre, ce dessin de sculpteur joue sur une lumière zénithale – ombres portées de la tête sur les clavicules, des bras sur les hanches -, un éclairage relativement peu employé par les arts graphiques. Pierre Bonnard est l’un des rares artistes à l’utiliser également, notamment dans ses lithographies illustrant le recueil de poèmes de Verlaine, Parallèlement[6].

Henri Martinie affirme à propos des nus de cette artiste : « Poupelet, tout au contraire, régit âprement ses émois, et dispose de moyens d’expression éprouvés. Les plans et les volumes de ses nus obéissent à ses calculs et rejettent tout impressionnisme ; ainsi elle réalise de beaux rythmes disciplinés »[7].


[1] Dumaine, Sylvie, 2003, p. 33.

[2] Ibid., p. 12.

[3] Première version, datée de 1915, voir Rivière, Anne, 2005, p. 44.

[4] Jane Poupelet, Femme à la chemise blanche assise sur un coin de table, jambe gauche au sol, bras croisés sur la cuisse gauche, fusain et pastel sur papier, H.42 ; L. 53 cm, collection particulière.

[5] Jane Poupelet, Femme debout relevant sa chemise au niveau des hanches, sanguine sur papier chiffon, H. 63,5 ; L. 39 cm, collection particulière.

[6] Verlaine, Paul, Parallèlement, lithographies originales de Pierre Bonnard, Paris, A.Vollard, 1900.

[7] Martinie, A.-H., La Sculpture, cité dans Rivière, Anne, 2005, p. 44.