Manuel Martinez Hugué dit Manolo

Tête d'homme barbu (Aristide Maillol ?) 1925

Épreuve en terre cuite, n°0/15
Étiquette (à l’intérieur) : GALERIE SIMON / 29 bis, Rue d’Astorg / PARIS (VIIIe) / 1925 / 0 / N° 8773 / Manolo / tête d’Homme Barbu / 15 épreuves 35h. / Photo N°4543
H. 31,5 ; L. 21 ; P. 22,5 cm

Provenance

  • Paris, galerie Simon
  • France, collection particulière

Bibliographie

  • Pla, Josep, Vida de Manolo contada per ell mateix, Sabadell, 1928.
  • Pia, Pascal, Manolo, « Sculpteurs nouveaux », Paris, Gallimard, 1930.
  • Benet, Rafael, El Escultor Manolo Hugué, coll. Miguel Angel, Libreria Editorial Argos, Barcelona, 1942.
  • Blanch, Montserrat, Manolo, Sculptures, Peintures, Dessins, Editions Cercle d’Art, Paris, 1974, n°469, p. 244, repr.
  • Blanch, Montserrat, Manolo Hugué, Gent Nostra, 1992.
  • Manolo Hugué, 1872-1945, Mont-de-Marsan, musée Despiau-Wlérick, 28 juin-4 septembre 1995, Pontoise, musée Tavet-Delacour, 16 septembre-26 novembre 1995.
Dans le catalogue raisonné de Montserrat Blanch, il est indiqué que cet homme barbu serait peut-être Aristide Maillol. « Manolo connaissait bien Maillol, catalan français, et son voisin dans le Roussillon. Ils étaient aussi de la même génération et ceci comptait certainement dans les liens qui existent entre leurs œuvres. », rapporte D-H Kahnweiler[1]. Manolo réalise ce portrait en 1925, lors de son second séjour à Céret, qui commence en 1919 et s’achève en 1927. Durant cette période, Manolo et Maillol, qui se connaissent bien, se fréquentent de manière occasionnelle. Maillol, âgé de 64 ans, jouit d’une importante célébrité ; Manolo, âgé de 53 ans, commence à bénéficier d’une reconnaissance internationale. Ils tissent des relations axées sur leur travail, et Manolo fait momentanément appel au praticien Biosca, anciennement employé par Maillol, suite aux problèmes de santé qui l’affectent en 1927.
 
Dans son traitement, la Tête d’homme barbu est à rapprocher du Portrait de Calvet[2], créé en 1920, « dont la tête seule est représentée, et construite avec une rigueur sans égale mais aussi avec une grande liberté. Son étude révèle que la moitié droite du visage exprime la sérénité, mais la gauche une certaine mélancolie ; double expression fondue en une seule pour obtenir avec une grande justesse la ressemblance morale chère à Baudelaire (…). »[3] Dans ces deux œuvres, Manolo accentue l’expression de sérieux et de sérénité de ses deux modèles, et son parti pris est à rapprocher de celui des imagiers du Moyen-Âge : les volumes sont rigoureusement architecturés, les compositions sont marquées par une vue frontale et un traitement synthétique, qui s’achève sur le fort volume d’une barbe dense et abruptement coupée à l’horizontale. En 1923, le portrait de Josep Maragall[4], traité comme un masque, possède la même expression de force sereine que notre buste.
 
Cette épreuve porte une étiquette de la galerie Simon qui est la seconde galerie que dirige D-H Kahnweiler. Après la Première Guerre Mondiale, le 1er septembre 1920, le marchand, dont les biens ont été mis sous séquestre, s’associe avec André Simon pour ouvrir à nouveau une galerie au 29 bis rue d’Astorg. Lors de 3 ventes aux enchères en 1921, 1922 et 1923 ses biens sont dispersés. Fort heureusement, il parvient à racheter l’ensemble des sculptures de Manolo[5]. Il édite ensuite des modèles dont il consigne scrupuleusement les épreuves en indiquant leur numéro et justification sur l’étiquette discrètement collée à l’intérieur de l’œuvre. Si l’édition de la Tête d’homme barbu est prévue à 15 exemplaires, les autres exemplaires ne sont, en l’état de nos connaissances, pas localisables.

[1] In. Manolo, New York, Galerie Chalette, 7 octobre – 2 novembre 1957 (préface de D-H Kahnweiler), p.4.
[2] Blanch, 1974, n°443 : Manolo, Portrait de Calvet, 1920, terre cuite, h. 26 cm, musée d’art moderne de Céret.
[3] Blanch, 1974, p.50.
[4] Blanch, 1974, n°96 : Manolo, Josep Maragall, 1923, terre cuite, h. 32,5 cm, coll. Soeurs Maragall, Barcelone.
[5] 13-14 juin 1921 : 1e vente des biens séquestrés par les Allemands « Collection Henry Kahnweiler, tableaux, sculptures, et céramiques modernes » Part 1 :